Chirurgie de l’obésité en France : des patients insuffisamment évalués.
Haute Autorité de Santé, 11 octobre2016
http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2674829/fr/prise-en-charge-preoperatoire-pour-une-chirurgie-de-l-obesite-chez-l-adulte-obe
Selon un rapport de la Haute Autorité de Santé Française, les patients sur le point de subir une chirurgie de l'obésité ne bénéficient pas de l'évaluation complète à la fois somatique et psychologique nécessaire, ni de la concertation multidisciplinaire indispensable à ce type de décision.
Le nombre d'interventions chirurgicales pour le traitement de l'obésité ont doublé en France depuis 2010. Or ces opérations sont des actes lourds qui peuvent entrainer des complications et nécessitent un suivi médical à vie. Du coup, elles ne doivent pas être proposées à tous les patients, rappelle la Haute Autorité de Santé, qui vient de rendre public un rapport sur ce sujet qui évaluait la pertinence et la réussite de ce type d'intervention. "Pour s'assurer du bien-fondé et du succès de chaque opération, différentes étapes doivent être respectées en amont : bilan médical et psychologique, information du patient, décisions concertées entre plusieurs professionnels", précisent la HAS. C'est pourquoi, depuis 2013, des indicateurs de qualité et sécurité de soins sont à disposition des professionnels de santé pour vérifier que toutes ces étapes ont bien été suivies.
Le rapport est basé sur les données des indicateurs fournis, de façon volontaire, par 172 des 501 établissements pratiquant cette chirurgie. Il en ressort que, malgré une amélioration de ces indicateurs depuis 3 ans, "les étapes indispensables pour s'assurer de la pertinence et de la réussite d'une chirurgie ne sont pas systématiquement respectées pour chaque patient opéré". En particulier, seulement 6 patients opérés sur 10 ont bénéficié à la fois d'un bilan de leurs comorbidités, d'un bilan endoscopique et d'une évaluation psychologique. Et seules 4 opérations sur 10 ont été décidées dans le cadre d'une concertation entre plusieurs professionnels et fait l'objet d'une communication au médecin traitant. Le rapport met en évidence, en outre, de fortes variations entre les établissements de santé, les meilleurs indicateurs se trouvant dans les centres spécialisées dans ce type de chirurgie.
En conséquence, la HAS a décidé qu'"à partir de l'an prochain, tous les établissements de santé français pratiquant des chirurgies de l'obésité devront participer à la mesure de la qualité de leur prise en charge préopératoire". L'objectif est "d'affiner la connaissance des pratiques sur tout le territoire et d'inciter tous les professionnels à s'évaluer et mettre en place des démarches d'amélioration conformes aux recommandations de bonnes pratiques", conclut l'institution.