Effet de la metformine sur le pronostic maternel et fœtal des femmes enceintes obèses non diabétiques : une étude randomisée en double insu versus placebo

Chiswick C. et al. Effect of metformin on maternal and fetal outcomes in obese pregnant women (EMPOWaR) : a randomized double-blind placebo-control trial. Lancet Diabetes Endocrinol 2015 ; 3 : 778-86.
Refuerzo J. Metformin and pregnancy outcomes in obese women. Lancet Diabetes Endocrinol 2015 ; 3 : 749-750.

L’obésité maternelle est associée à une augmentation du poids ainsi qu’à une obésité et à une mortalité prématurée chez les enfants devenus adultes. Le mécanisme par lequel l’obésité maternelle conduit à ces complications n’est pas clair, même si l’hyperglycémie maternelle et l’insulino résistance semblent toutes deux impliquées.

Une étude britannique s’est donnée pour objectif de tester l’effet de la metformine, médicament insulino-sensibilisateur, sur les complications maternelles et fœtales des femmes enceintes obèses non diabétiques. Cette étude randomisée en double insu versus placebo a été mise en place dans 15 hôpitaux du système national de santé britannique (NHS). Les femmes enceintes dont l’IMC était ≥ 30 kg/m2 entre la 12ème et la 16ème semaine de grossesse et dont la tolérance au glucose était normale ont été assignées de manière randomisée à recevoir de la metformine 500 mg par jour initialement, augmentée ensuite à un maximum de 2 500 mg ou un placebo et cela tous les jours jusqu’à la naissance de l’enfant. La randomisation était stratifiée par centre et par catégorie d’IMC.

Entre 2011 et 2014, 449 femmes ont reçu soit du placebo (n = 223), soit de la metformine (n = 226) et 434 ont finalement été incluses dans l’analyse en intention de traiter. Le poids moyen de naissance était de 3 463 ± 660 g dans le groupe placebo et de 3 462 ± 548 g dans le groupe metformine. La taille de l’effet estimé de la metformine sur le critère d’évaluation principal (Z-score du poids de naissance en fonction de l’âge gestationnel, de la parité…) n’était pas significative (différence moyenne ajustée -0.029 ; IC 95 %= -0.217 à + 0.158, p = 0.7597). Il n’y avait pas non plus de différence en termes de fausse couche, d’interruption volontaire de grossesse, de mort-né ou de décès néonatal entre les deux groupes (odds ratio = 3.6 ; 0.74-17.5, p = 0.11).

En conclusion, la metformine n’a pas d’effet significatif sur le poids de naissance des enfants nés de femmes obèses. Les études de suivi des enfants de cette étude permettront peut-être d’identifier les bénéfices éventuels de la metformine dans cette population, plus tard dans la vie. Pour l’instant, la metformine ne doit pas être utilisée pour améliorer les issues de grossesse chez les femmes obèses, non diabétiques.

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