Chirurgie bariatrique de l’obésité sévère
La chirurgie bariatrique pour obésité sévère permet d'améliorer la qualité de vie des patients, du moins dans les premières années
King W.C. Change in pain and physical function following bariatric surgery for severe obesity. JAMA 2016 ; 315 : 1362-1371.
L'obésité grave est associée à des douleurs articulaires et à des troubles physiques (capacité à tirer, porter, pousser, marcher....). La chirurgie bariatrique est efficace pour obtenir et maintenir une perte de poids et induire la rémission ou réduire la gravité de nombreuses comorbidité dont le diabète de type 2, l'hypertension, la dyslipidémie, la dépression.
Même si de plus en plus d'arguments laissent penser que la douleur et la forme physique après chirurgie bariatrique s'améliorent, les études concernant ces critères ont été peu nombreuses ou discordantes, ce qui a amené une équipe américaine à analyser les données d'une étude d'observation de cohorte menée dans 10 hôpitaux américains, la « Longitudinal Assessment of Bariatric Surgery-2 ». L'étude a été conduite entre février 2005 et février 2009 et un suivi jusqu'en octobre 2012 a été effectué.
Sur les 2 458 participants, 2 221 ont réalisé une évaluation basale puis au cours du suivi (78.5 % étaient des femmes, d'âge médian 47 ans avec un IMC médian de 45.9). 70 % ont eu un bypass gastrique Roux en Y et 25 % ont eu un anneau gastrique. Après un an, une amélioration cliniquement significative a été observée chez 57.6 % des participants pour ce qui concerne les douleurs au niveau du corps (IC 95 % : 55.3-59.9 %), chez 76.5 % (74.6-78.5) pour la fonction physique et chez 59.5 % (56.4-62.7 %) pour le temps de marche. De plus, parmi les participants qui avaient des douleurs ou un handicap au niveau du genou ou de la hanche, les ¾ ont eu une amélioration des douleurs (77.1 % pour le genou et 79.2 % pour la fonction au niveau de la hanche). Entre la 1ère année et la 3ème année, les taux d'amélioration ont cependant significativement baissé, descendant à 48.6 % pour les douleurs corporelles, à 70.2 % pour la fonction physique alors que les taux d'amélioration pour le temps de marche, les douleurs au niveau des genoux et des hanches et la fonction au niveau des genoux et des hanches n'ont pas diminué. Un âge plus jeune, le sexe masculin, un revenu plus élevé, un IMC inférieur et moins de symptômes dépressifs avant la chirurgie ainsi que l'absence de diabète ou d'œdème veineux après la chirurgie et une réduction entre le pré et le post-chirurgical du poids ainsi que des symptômes dépressifs étaient associés à une amélioration des douleurs fonctionnelles entre le pré et le post-chirurgical pour de nombreux critères lors des évaluations de la 1ère, de la 2ème et la 3ème années.
En conclusion, dans une cohorte de patients présentant une obésité sévère et subissant une chirurgie bariatrique, un pourcentage élevé ressent une amélioration en comparaison avec une valeur basale pour ce qui concerne la douleur, la fonction physique et la durée de la marche au cours des 3 années post-opératoire mais le pourcentage de patients améliorés en termes de douleurs et de fonction physique diminue entre la 1ère année et la 3ème année.