Bilan lipidique et état de jeun

Inutile désormais d'être à jeun pour un bilan lipidique

Børge G. Nordestgaard et coll. Fasting is not routinely required for determination of a lipid profile: clinical and laboratory implications including flagging at desirable concentration cut-points - a joint consensus statement from the European Atherosclerosis Society and European Federation of Clinical Chemistry and Laboratory Medicine, European Heart Journal, doi:10.1093/eurheartj/ehw152, published online 26 April 2016.

Voilà une publication qui va changer une vieille habitude peu agréable consistant à se rendre le ventre vide au laboratoire d'analyses médicales pour un bilan lipidique. Car jusqu'à présent, il était recommandé de faire le prélèvement après un jeûne d'au moins 8 heures.

Mais selon un panel d'experts européens représentant la European Atherosclerosis Society et la European Federation of Clinical Chemistry and Laboratory Medicine, ce jeûne d'au moins 8h ne répond pas à une nécessité.

Depuis 2009, seul le Danemark s'était affranchi de ce jeûne de 8h avant un prélèvement pour un bilan lipidique, désormais tous les autres pays sont invités à suivre l'exemple danois, même si quelques exceptions peuvent subsister, notamment en cas de suspicion d'hypertriglycéridémie.

Pour émettre leur recommandation, les experts du panel indiquent que des bilans lipidiques comparés, réalisés à jeun pour les uns, de 1 à 6h après un repas pour les autres, ne montrent pas de différence moyenne modifiant l'interprétation pouvant en être faite. Ainsi, la différence moyenne pour les triglycérides est de +0.3 mmol/L, pour le cholestérol total de -0.2 mmol/L et pour le LDL-cholestérol de +0.2 mmol/L. Quant aux concentrations du HDL-cholestérol, des apolipoprotéines A1 et B ou de la lipoprotéine(a), elles ne sont pas affectées par le statut à jeun ou non à jeun.

D'autre part, les experts précisent que les valeurs obtenues, à jeun ou non, ont les mêmes significations en termes de prédiction du risque cardiovasculaire.

La levée de la contrainte du jeûne d'au moins 8 heures peut avoir des conséquences favorables, en particulier chez les diabétiques exposés au risque d'hypoglycémie, ou bien pour révéler une hypertriglycéridémie masquée par le jeun. Cette mesure est d'autant plus la bienvenue que le dépistage du diabète repose désormais davantage sur l'HbA1c que sur la glycémie à jeun.
Toutefois, un profil lipidique à jeun reste nécessaire pour rechercher une hypertriglycéridémie si les valeurs trouvées à proximité d'un repas sont supérieures à 5 mmol/L (440 mg/dL).

Pour un bilan lipidique réalisé sans période de jeun préalable, le panel d'experts fixe les seuils suivants comme devant déclencher des investigations complémentaires : triglycérides ≥2 mmol/L (175 mg/dL), cholestérol total ≥5 mmol/L (190 mg/dL), LDL-cholestérol ≥3 mmol/L (115 mg/dL), HDL-cholestérol ≤1 mmol/L (40 mg/dL), apolipoprotéine A1 ≤1.25 g/L (125 mg/dL), apolipoprotéine B ≥1.0 g/L (100 mg/dL) et lipoproteéine(a) ≥50 mg/dL).

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