L’épidémie mondiale de l’obésité

L'épidémie d'obésité est une réalité planétaire

Trends in adult body-mass index in 200 countries from 1975 to 2014: a pooled analysis of 1698 population-based measurement studies with 19.2 million participants.
NCD Risk Factor Collaboration (NCD-RisC). Lancet 2016 ; 387: 1377–96

La corpulence est un indicateur de santé important qui est à juste titre la cible de recommandations de santé publique qu'il s'agisse de surpoids, d'obésité ou de dénutrition. Cet article fournit l'opportunité unique d'avoir une vision planétaire et au long cours de l'évolution de la corpulence de 1975 à 2014 chez les adultes de plus de 18 ans.

Pas moins de 1.698 populations rassemblant plus de 19,2 millions d'individus (moitié femmes et moitié hommes) dans 86 régions ou Etats ont fait l'objet d'une exploitation statistique en utilisant un modèle hiérarchique bayésien et une méthode.

En 4 décennies, l'IMC (poids/taille²) moyen est passé de 21, 7 à 24,2kg/m² chez les hommes et de 22,1 à 24,2 kg/m² chez les femmes. Pendant le même temps, le pourcentage de sujets dénutris a régressé de 13,8 à 8,8% et de 14,6 à 9,7% respectivement chez les hommes et les femmes, avec une grande inégalité géographique puisque 24% des habitants du Sud asiatique ont encore un IMC inférieur au seuil de dénutrition (< 18,5 kg/ m²).

L'augmentation de la prévalence de l'obésité est préoccupante dans toutes les régions du monde et pas seulement dans les pays développés occidentaux (voir Figure). De 1975 à 2014, la prévalence de l'obésité est passée de 3,2% à 10,8% et de 6,4% à 14,9% respectivement chez les hommes et les femmes. L'obésité sévère (IMC ≥ 35 kg/m²) atteint 2,3% des hommes et 5% des femmes alors que l'obésité massive ou morbide (IMC ≥ 35 kg/m²) concerne 0,7 et 1,6% des hommes et des femmes.

En considérant la tendance évolutive observée depuis 2000, on peut craindre que 18% des hommes et 21% des femmes soient obèses en 2025 et que 6% des hommes et 9% des femmes seront affligés d'une obésité sévère à cette date.

Au-delà du constat de disparités géographiques très importantes, cette étude, la plus vaste menée à ce jour, illustre parfaitement les méfaits de l'abondance et de l'inégalité de l'accès aux ressources. En 1975, il y avait deux fois plus de dénutris que d'obèses dans le monde. Aujourd'hui il y a davantage d'obèses que de dénutris.

On pourrait s'en réjouir si l'obésité n'était pas le fléau que l'on sait. Ces chiffres rendent en tout cas pleinement plausible l'épidémie de diabète annoncée et d'ores et déjà observée, notamment dans les régions du monde où la prévalence de la dénutrition était la plus forte.

Dans les pays occidentaux c'est la montée en charge de l'obésité sévère et massive qui est remarquable et menaçante en termes de complications métaboliques et cardio-vasculaires et d'incapacité. Plus que jamais, la vigilance et l'information nutritionnelles et la répartition équitable des ressources sont des objectifs actuels.
La politique de prévention doit être adaptée aux spécificités locales, tout particulièrement dans les régions du monde où la dénutrition et l'obésité sont en train de cohabiter.

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