Traitement par testostérone

Quel est l'impact d'un traitement substitutif par testostérone, tant sur la mortalité que sur les événements cardiovasculaires et le cancer de la prostate ?

Wallis C.J.D. et al. Survival and cardiovascular events in men treated with testosterone replacement therapy : an intention-to-treat observational cohort study. Lancet Diabetes Endocrinol2007 ; 4 : 498-506.

Les études concernant les effets du traitement substitutif par la testostérone donnent des résultats discordants, ce qui a amené la FDA américaine à suggérer récemment, à partir d'études portant sur des durées de traitement courte et des durées de suivi modérées, que le traitement substitutif pourrait augmenter le risque d'événements cardiovasculaires et d'accident vasculaire cérébral. Aucune étude n'a, jusqu'à maintenant, évalué les effets de la durée du traitement par testostérone sur ces événements.

Afin de progresser dans cette question, une équipe canadienne s'est donné pour objectif d'évaluer l'association entre l'utilisation à long terme d'un traitement substitutif par la testostérone et la mortalité ainsi que les événements cardiovasculaires et le cancer de la prostate, tout ceci grâce à une analyse d'exposition en fonction du temps.
Ils ont donc réalisé une étude de cohorte de population appariée portant sur des hommes âgés de plus de 66 ans récemment mis sous traitement substitutif par testostérone qui ont été comparés à des témoins appariés pour l'âge, la région de résidence, les comorbidités, le statut diabétique et l'année, en Ontario, au Canada, à partir de plusieurs bases de données disponibles.

Ils ont inclus 10 311 hommes sous traitement substitutif par testostérone et 28 029 témoins entre janvier 2007 et juin 2012. Le suivi médian a été de 5.3 années dans le groupe « traitement substitutif par testostérone » et de 5.1 années dans le groupe « témoin ».

Les patients traités par testostérone avaient une mortalité inférieure à celle des témoins (hazard ratio = 0.88 ; IC 95 % : 0.84-0.93). Les patients dans le tertile le plus bas de l'exposition à la testostérone avaient une augmentation du risque de mortalité (HR = 1.11 ; 1.03-1.2) et d'événements cardiovasculaires (HR = 1.26 ; 1.09-1.46) en comparaison des témoins. Au contraire, ceux qui étaient dans le tertile le plus élevé de l'exposition à la testostérone avaient une diminution du risque de mortalité (HR = 0.67 ; 0.62-0.73) et d'événements cardiovasculaires (0.84 ; 0.72-0.98) avec une tendance significative le long des tertiles (p < 0.001). Le risque de cancer de la prostate diminuait chez ceux dont l'exposition était dans le tertile le plus élevé (HR = 0.60 ; 0.45-0.80) en comparaison des témoins mais non en comparaison de ceux dont l'exposition était la plus courte.

En conclusion, si l'on en croit cette étude, l'exposition à long terme à la testostérone dans le cadre d'un traitement substitutif est associée à une diminution du risque de mortalité, d'événements cardiovasculaires et de cancer de la prostate. Toutefois, le traitement par testostérone augmente le risque de mortalité et d'événements cardiovasculaires lorsque le traitement est de courte durée. Compte tenu des limitations inhérentes aux études d'observation et du risque de biais de sélection, il reste toutefois indispensable de mettre en place une étude randomisée pour répondre à cette question.

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