HTA et diabète

HTA du patient diabétique : un objectif de PAS inférieur à 130 mmHg est justifié par les bénéfices cardiovasculaires

Eryd S.A. et al. Blood pressure and complications in individuals with type 2 diabetes and no previous cardiovascular disease : national population based cohort study. BMJ2016 ; 354 : i4070.
http://www.bmj.com/content/354/bmj.i4070

L'hypertension est l'un des facteurs de risque les plus importants de pathologie cardiovasculaire et la prise en charge de l'hypertension est une priorité dans le traitement du diabète de type 2.

Des recommandations récentes concernant l'hypertension ont proposé de relever les objectifs de pression artérielle systolique (PAS) chez les diabétiques de moins de 130 mmHg à moins de 140 mmHg, au vu de l'absence d'étude randomisée convaincante en faveur de cette cible inférieure alors que des études observationnelles montraient une relation en forme de J entre la pression artérielle et les complications.

Une équipe d'épidémiologistes suédois a donc utilisé une cohorte de patients suédois diabétiques de type 2, sans pathologie cardiovasculaire connue, afin de comparer les risques associés à une PAS <140 mmHg (recommandations actuelles) aux risques associés à une PAS <130 mmHg. L'étude a été menée à partir des registres nationaux suédois entre 2006 et 2012 ; le suivi moyen était de 5 ans.

187 106 patients enregistrés dans le Registre National du Diabète Suédois, qui avaient un diabète de type 2 depuis au moins un an, qui étaient âgés de moins de 75 ans et qui n'avaient pas de pathologie cardiovasculaire connue, ont été inclus dans l'étude.

Le groupe dont la PAS étaient la plus basse (entre 110 et 119 mmHg) avaient un risque significativement inférieur d'infarctus du myocarde aigu non fatal (hazard ratio ajusté = 0.76, IC 95 % = 0.64-0.91, p = 0.003), un risque significativement inférieur d'infarctus du myocarde aigu total (HR ajusté = 0.85 ; 0.72-0.99, p = 0.04), un risque également significativement inférieur de pathologie cardiovasculaire non fatale (0.82 ; 0.72-0.93, p = 0.002), un risque significativement inférieur de pathologie cardiovasculaire en général (0.88 ; 0.79-0.99, p = 0.04) et un risque significativement inférieur de pathologie coronaire non fatale (0.88 ; 0.78-0.99, p = 0.03) en comparaison du groupe de référence dont la PAS était entre 130 et 139 mmHg. Il n'y avait aucun argument pour une relation entre la PAS et ces critères d'évaluation en forme de J, à l'exception de l'insuffisance cardiaque et de la mortalité totale.

En conclusion, une pression artérielle plus basse que ce qui est actuellement recommandé semble associée à un risque significativement inférieur d'événements cardiovasculaires chez le diabétique de type 2. L'association trouvée dans certaines études entre une pression artérielle inférieure et l'augmentation de la mortalité pourrait être due à une pathologie concomitante plus qu'au traitement antihypertenseur.

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