Régime, gènes et obésité
Diet, genes, and obesity
Ells LJ, De Maio AD, Farpour-Lambert N
BMJ. 2018 Jan 10 ; 360:k7. doi: 10.1136/bmj.k7.
La prévalence de l'obésité a triplé depuis 1975 ; étant donné ses complications sanitaires et économiques, il est important d'établir une stratégie pour mieux la combattre.
Les interventions associant en général des modifications alimentaires et une augmentation de l'activité physique ont une efficacité mais les résultats à long terme sont limités. Il est tentant d'attribuer cet échec à une prédisposition génétique, ce qui démobilise les efforts.
Les études de famille, de jumeaux et d'adoption ont montré une héritabilité de l'obésité variable de modérée à élevée mais les causes monogéniques sont rares. La prédisposition génétique est en général polygénique. Les études des interactions environnement/gènes ont montré le rôle délétère de l'environnement.
Une étude récente s'est intéressée à l'interaction entre l'adhérence à un régime alimentaire et la prédisposition génétique en relation avec une perte de poids à long terme. Il s'agissait de 2 cohortes de professionnels de santé, l'une de 8828 femmes et l'autre de 5218 hommes suivis pendant 20 ans de 1986 à 2006.
Trois types de régime étaient étudiés dont le DASH contre l'hypertension artérielle. L'association entre régime et perte de poids était plus forte en cas de prédisposition génétique plus importante. Mais l'effet de la prédisposition génétique est modéré. D'autres constatations ont été confirmées : les produits malsains comme les boissons sucrées ou les fritures augmentaient l'association génétique/prise de poids.
C'est aussi l'illustration de l'importance d'une alimentation saine dans la prévention de la prise de poids chez les sujets à risque génétique ; et aussi pour dissiper la croyance que la prédisposition génétique empêcherait un régime alimentaire de s'opposer à l'obésité.
Le mécanisme de l'interaction régime alimentaire/prédisposition génétique n'est pas éclairci et il y a aussi des facteurs confondants non mesurés comme l'activité physique ou l'adhérence variable au régime alimentaire.
Il faudrait aussi une politique plus générale pour s'opposer à l'alimentation « malsaine » en général moins chère, distribuée en grande quantité et lourdement vantée. L'amélioration des produits nutritionnels passerait par des mesures fiscales, des subventions, des mesures d'éducation à l'école.
Ces interventions auraient un rapport coût/efficacité bénéfique à l'échelon individuel et sociétal. Une prédisposition génétique à l'obésité n'empêche pas une lutte efficace contre celle-ci et renforce l'intérêt de ces mesures de politique de santé.