la mortalité vasculaire des diabétiques : pas d'égalité des sexes

Méta-analyse sur près de 1 million de personnes : pas d'égalité des sexes concernant la mortalité vasculaire des diabétiques

Sex-specific relevance of diabetes to occlusive vascular and other mortality: a collaborative meta-analysis of individual data from 980.783 adults from 68 prospective studies.
Prospective Studies Collaboration and Asia Pacific Cohort Studies Collaboration.
Lancet Diabetes Endocrinol. 2018 May 8. doi: 10.1016/S2213-8587(18)30079-2.

Plusieurs études ont retrouvé un surrisque de mortalité vasculaire chez les femmes diabétiques (vs les hommes) mais ce risque n'a pas été analysé selon les classes d'âge ni selon les autres facteurs de risque. L'objectif de cette méta-analyse était de déterminer si ce surrisque peut s'expliquer par des différences de facteurs de risque connus chez les patients.

Soixante-huit études prospectives ont été analysées. Les facteurs de risque classiques étaient connus ainsi que la mortalité vasculaire incluant les décès de causes cardiovasculaires, AVC et autres causes athéromateuses.

980.793 adultes (58% d'hommes, 42% de femmes) ont pu être analysés et 4,3% des participants avaient un diabète (soit 42.451). La prévalence du diabète augmentait avec l'âge. Au cours du suivi, 76.965 décès ont eu lieu dont 25% d'entre eux ont été attribués à une cause vasculaire (91% d'IDM). Ces études avaient lieu dans 19 pays. L'âge moyen au recrutement était de 46 ans, 66 ans celui de la mort de cause vasculaire.
Après ajustement concernant les facteurs de risque vasculaires majeurs (âge, IMC, TA, cholestérol et tabac), la présence d'un diabète doublait la mortalité. Cependant, chez les hommes le risque doublait alors qu'il triplait chez les femmes (p<0.0001).
Dans les 2 sexes, ce surrisque (lié au diabète) était plus important chez les patients jeunes (35-59 ans) que chez les plus âgés (70-89 ans). Au sein de toutes les classes d'âge, il a été mis en évidence un surrisque de mortalité chez les femmes diabétiques. Ainsi les femmes de 35-59 ans avaient le risque de mortalité le plus élevé (X6).
Cependant, comme les facteurs de risque étaient plus importants chez les hommes, l'excès de risque absolu était équivalent dans les 2 sexes. Le taux de mortalité vasculaire ajusté chez les femmes diabétiques de 35-59 ans et 60-69 ans était similaire à celui d'hommes de même âge sans diabète. Une des hypothèses est celle de la sous-prescription chez les femmes des médicaments tels que les antihypertenseurs/statines.

En conclusion, de façon indépendante aux facteurs de risque vasculaires majeurs, le diabète augmente significativement le risque vasculaire dans les 2 sexes. Les modifications d'hygiène de vie (arrêt du tabac, lutte contre l'obésité), l'utilisation de médicaments (statines, antihypertenseurs) sont importantes chez les hommes et femmes diabétiques. Cependant, il ne réduit pas l'excès de risque vasculaire chez les femmes diabétiques ce qui reste mystérieux.
Des recherches futures permettront, on l'espère, de mettre en évidence la cause, ou les causes, de cet excès de risque vasculaire chez les femmes diabétiques. Des recommandations de prise en charge vasculaire « sexe spécifique » pourraient voir le jour avec des cibles différentes selon les genres.

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