Activité physique et perte de poids
Pour perdre du poids durablement, augmenter son activité physique ne suffit pas
Herman Pontzer et coll. Constrained Total Energy Expenditure and Metabolic Adaptation to Physical Activity in Adult Humans. Current Biology, published 28 January 2016.
doi: http://dx.doi.org/10.1016/j.cub.2015.12.046,
http://www.cell.com/current-biology/abstract/S0960-9822(15)01577-8
La sédentarité est un mal des temps modernes, responsable d'une épidémie de surpoids et d'obésité générant à leur tour une épidémie de pathologies cardio-métaboliques, notamment le syndrome métabolique et le diabète de type 2. Si bien que la prescription d'une activité physique suffisante est aujourd'hui à la mode afin de sortir du piège de la sédentarité.
Cependant, une étude publiée dans Current Biology montre que cela ne suffit pas, encore faut-il, pour perdre du poids durablement, agir aussi sur la diététique. Cela peut sembler être une évidence mais pourtant, nombreux sont ceux qui pensent qu'agir seulement sur l'activité physique peut être suffisant, ils se trompent !
Cela a fait l'objet du travail d'observation mené à l'University de New York sur les Hadza, une population de chasseurs-cueilleurs d'Afrique de l'Est, vivant en Tanzanie centrale, autour du lac Eyasi, dans la vallée du Rift. C'est une population particulièrement active, parcourant chaque jour de très longues distances pour subvenir à ses besoins alimentaires et se livrant à de nombreux travaux physiques. Et pourtant, comme il est démontré dans cette étude, ces Africains ne dépensent pas significativement plus de calories que des populations bien plus sédentaires. Plus précisément, cette étude montre que les sujets ayant un niveau d'activité physique considéré comme modéré n'ont en moyenne qu'un écart de 200 calories en termes de dépense calorique versus les sujets plus sédentaires. Et le simple fait d'augmenter l'activité physique des premiers sera sans conséquence pérenne sur leur dépense énergétique quotidienne, comme si l'effet de l'activité physique sur la dépense énergétique se heurtait rapidement à un effet de plateau.
En fait, ce phénomène de plateau témoigne d'une faculté d'adaptation de l'organisme qui lui permet de répondre à une activité physique accrue sans brûler davantage de calories. Comment ce phénomène adaptatif se met-il en place, sans doute sous l'impulsion du pourcentage de masse grasse corporelle ? La réponse pourrait se trouver dans le microbiote intestinal et le système immunitaire. Mais en attendant les résultats des études en cours, une chose est sûre : pour perdre du poids durablement, il faut agir à la fois sur l'activité physique ET sur la diététique !