Le pancréas artificiel dans le diabète de type 1: une évaluation en ambulatoire
Thabit H. et al. Home use of an artificial βcell in type 1 diabetes. N Engl J Med 2015;373
L’insulinothérapie intensive est le traitement recommandé chez les patients diabétiques de type 1 mais son utilisation est limitée par le risque d’hypoglycémie, ce qui empêche la plupart des patients d’atteindre les objectifs glycémiques souhaités. De nouvelles approches comme la mesure continue du glucose permettent d’améliorer le contrôle glycémique et de réduire le risque d’hypoglycémie quand le patient s’en sert de manière régulière. Il est aussi possible de relier la pompe à insuline au système de mesure de la glycémie pour arrêter le débit de la pompe au-dessous d’un certain seuil prédéfini de glycémie, ce qui réduit le risque d’hypoglycémie. Le pancréas artificiel où les patients sont branchés sur des systèmes de recueil de la glycémie et la libération d’insuline par une pompe à insuline asservie au senseur de glucose (système dit en boucle fermée) étend encore le concept. Si le pancréas artificiel a fait la preuve de son efficacité et de son innocuité en conditions expérimentales au laboratoire, puis sous surveillance médicale dans des hôtels ou dans des camps de jeunes diabétiques, il était nécessaire de le tester en ambulatoire, dans les conditions de vie habituelles du patient et sur une longue période en incluant des enfants (<12 ans.
Une étude multicentrique en cross-over, randomisée, contrôlée, conduite en ambulatoire a été mise en place. Le pancréas artificiel en boucle fermée a été comparé, chez 58 patients diabétiques de type 1, à un système où la pompe à insuline était simplement bloquée en dessous d’un certain seuil (période « témoin »). Les participants utilisaient les systèmes pendant 12 semaines. Un groupe de 33 adultes et un groupe de 25 enfants et d’adolescents ont été inclus pour bénéficier de chacune des technologies pendant 12 semaines (la nuit seulement chez les adolescents et les enfants et sur l’ensemble des 24 heures pour les adultes).
Chez les adultes, la proportion de temps pendant lequel la glycémie était dans l’objectif (entre 0,70 et 1,80 g/l) en cas d’utilisation du système en boucle fermée pendant la journée et la nuit a été supérieure de 11 % (IC 95 % : 8.1 à 13.8) à celle du temps passé dans l’objectif pendant la période témoin (p < 0.001). La glycémie moyenne était inférieure au cours de la phase de traitement par boucle fermée en comparaison de la période témoin (différence : – 1.1 g/l ; -1.7 à -0.6, p < 0.001) comme l’était l’aire sous la courbe pendant la période où la glycémie était < 0.63 g/l (39 % inférieure, p < 0.001) et l’hémoglobine glyquée moyenne (différence : -0.3 %, IC 95 % -0.5 à -0.1, p = 0.02). Chez les enfants et les adolescents, la proportion de temps passé avec une glycémie au cours de la nuit dans l’objectif glycémique au cours de la phase de boucle fermée est de 24.7 % (20.6 à 28.7, p < 0.001) supérieure à celle de la phase témoin alors que la glycémie moyenne au cours de la nuit était inférieure (différence = -2.9 g/l, IC 95 % : -3.9 à -2, p < 0.001). L’aire sous la courbe pendant la période au cours de laquelle la glycémie dans la journée et dans la nuit était < 0.63 g/l était inférieure de 42 % (4 à 65, p = 0.03). Trois hypoglycémies sévères sont survenues au cours de la phase de boucle fermée lorsque le système de boucle fermée n’était pas utilisé.
En conclusion, chez les patients diabétiques de type 1, une période d’utilisation pendant 12 semaines d’un système à boucle fermée en comparaison d’un système par pompe à insuline amélioré par les glycémies capillaires données par un senseur améliore le contrôle glycémique, réduit les hypoglycémies et chez l’adulte améliore l’hémoglobine glyquée.