Prise de poids et Grossesse
Quel impact de la prise de poids au cours de la grossesse chez des femmes ayant un diabète gestationnel ?
Excessive Weight Gain Before and During Gestational Diabetes Mellitus Management: What Is the Impact? Barnes RA, Wong T, Ross GP et al.
Diabetes Care. 2019 Nov 5. doi: 10.2337/dc19-0800.
La prise en charge conventionnelle du diabète gestationnel (DG) se focalise sur le monitorage et le traitement des glycémies maternelles. En effet, il y a moins de complications maternelles et néonatales avec l'amélioration du contrôle glycémique en cours de grossesse.
Le régime nutritionnel est la première ligne de traitement et l'insuline est débutée en 2ème ligne quand le régime ne permet pas d'atteindre les cibles glycémiques. Cependant, des études ont montré que les femmes traitées par insuline n'avaient pas un taux moindre de complications que celles traitées par régime seul.
Il est ainsi possible que des variables non glycémiques contribuent au devenir de ces grossesses. Une prise de poids excessive avant le diagnostic de DG peut augmenter la résistance à l'insuline. Il semble donc que la morbidité associée au DG soit fortement liée à l'obésité et la prise de poids, mais il n'y a aucune preuve qu'une amélioration de celle-ci améliorerait le devenir maternel et néonatal.
L'hypothèse était qu'une prise de poids excessive initialement (PPEi) et au cours de la prise en charge du DG (PPEc) augmenterait le risque d'effets secondaires malgré un traitement pour optimiser la glycémie.
Les données ont été collectées prospectivement à partir de femmes enceintes ayant un DG dans une seule institution. Une prise de poids excessive initialement (PPEi) était définie par une prise de poids supérieure à celle recommandée pour toute la grossesse par les recommandations internationales en fonction du poids initial.
L'association entre la PPEi et les valeurs de l'HGPO ainsi que la PPEi et les complications ont été analysées. Les relations entre la PPEc, les besoins en insuline et la macrosomie ont été évalués.
3281 femmes enceintes avec un DG ont été incluses. 23,6% d'entre elles (soit 776 femmes) avaient une prise de poids excessive initiale. Les femmes ayant une prise de poids excessive initiale avaient un IMC pré-partum plus élevé et un âge gestationnel plus avancé au diagnostic.
Les femmes européennes et du Moyen-Orient avaient plus fréquemment une prise de poids excessive mais les causes sont multifactorielles (culturelles, socio-économiques, génétiques...).
Ces femmes avaient une glycémie à jeun plus élevée lors de l'HGPO diagnostique (5.4mmol/l vs 5 mmol/l p<0.01) et une glycémie à 2h significativement plus basse (8.6 mmol/l vs 8.7 mmol/l,p<0.01).
Après ajustement (sur l'HbA1c, la vitamine D et l'origine ethnique), la glycémie à jeun des femmes ayant une prise de poids excessive initiale restait plus élevée mais il n'y avait plus de différence sur la glycémie post charge. L'augmentation de la glycémie à jeun chez les patientes ayant une prise de poids excessive pourrait être en lien avec une insulino-résistance hépatique.
Les femmes ayant une prise de poids excessive initiale recevaient plus fréquemment de l'insuline (47 vs 33,6%, p<0.0001) avec un odd ratioajusté de 1,4 par rapport aux DG sans prise de poids excessive initiale. Il y avait également une relation significative avec le risque de macrosomie fœtale et de césarienne chez les femmes ayant une prise de poids excessive initiale.
En cours de grossesse, chaque prise de poids de 2 kgs supplémentaires était associée à une augmentation du risque de 1,3 d'utilisation d'insuline, une augmentation de 8UI de la dose finale d'insuline et une augmentation de 1,4 du risque de macrosomie.
A noter, il n'y avait pas plus de petit poids néonatal chez les patientes ayant un poids maintenu ou une perte de poids après la prise en charge du DG en cours de grossesse.
En conclusion, un grand nombre de femmes ayant un DG avaient une prise de poids excessive initiale en début de grossesse.
Malgré le traitement de l'hyperglycémie, ces femmes avaient un taux plus élevé de césarienne et de macrosomie fœtale. Cependant, les kilos supplémentaires en cours de grossesse étaient également associés à une augmentation du risque d'utilisation d'insuline, de sa dose et de macrosomie fœtale.
Il y a donc une nécessité d'intervenir sur la prise de poids en cours de grossesse après le diagnostic de DG chez ses femmes ayant un DG.