Testostérone chez l’homme de plus de 65

Supplémentation en testostérone chez l'homme de plus de 65 ans : une balance bénéfice / risque encore incertaine

Snyder P.J. et al. Effects of testosterone treatment in older men. N Engl J Med 2016 ; 374 : 611-24.

Chez l'homme, les concentrations de testostérone diminuent avec l'âge. Un certain nombre de symptômes et de problèmes, similaires à ceux dus à un hypogonadisme avec diminution de la testostérone rencontré chez les hommes qui souffrent de pathologie hypophysaire ou testiculaire, deviennent plus fréquents avec l'âge : diminution de la mobilité, de la fonction sexuelle et de l'énergie. Ceci a donc fait suggérer que la baisse des concentrations de testostérone observée chez les sujets âgés pouvait contribuer à ces symptômes et à ces problèmes.

Les essais cliniques préalables testant la testostérone chez les hommes âgés de plus de 65 ans ont donné des résultats variables faisant conclure, en 2003, par l'Institut de Médecine américain, qu'il n'y avait pas assez d'arguments pour considérer que le traitement par la testostérone était bénéfique chez les sujets les plus âgés et qu'il fallait mettre en place une série d'essais cliniques afin de déterminer si la testostérone pourrait réellement bénéficier aux sujets âgés ayant des concentrations de testostérone basses.

Le NIH a donc mis en place 7 essais sur la testostérone en double insu versus placebo dans 12 centres aux Etats Unis. Dans cette étude sont rapportés les résultats portant sur 790 hommes âgés de plus de 65 ans dont la concentration de testostérone était < 2.75 ng/ml et qui présentaient des symptômes suggérant un hypogonadisme. Chaque homme participait à au moins une des trois principales études (étude la fonction sexuelle, étude de la fonction physique ou étude de la vitalité). Les patients ont reçu soit de la testostérone sous forme de gel, soit du placebo pendant un an.

Le traitement par testostérone a normalisé la concentration de testostérone (l'amenant au milieu des valeurs normales des hommes âgés de 19 à 40 ans). L'augmentation des concentrations de testostérone s'associée à une augmentation significative de l'activité sexuelle appréciée par le questionnaire psycho-sexuel quotidien (p < 0.001) et a augmenté le désir sexuel et la fonction érectile de manière significative. En revanche, le pourcentage d'hommes qui avaient une augmentation d'au moins 50 mètres dans la distance parcourue en marchant en 6 minutes n'était pas significativement différent entre les deux groupes. La testostérone n'avait pas d'effet bénéfique significatif en termes de vitalité, appréciée par l'échelle d'évaluation fonctionnelle des traitements des maladies chroniques et de la fatigue mais les hommes qui recevaient la testostérone avaient une humeur discrètement meilleure et une sévérité des symptômes dépressifs diminuée en comparaison de ceux qui recevaient du placebo. Les effets secondaires étaient similaires dans les deux groupes.

En conclusion, chez les hommes âgés de plus de 65 ans qui présentent des symptômes évocateurs d'hypogonadisme et qui ont des concentrations de testostérone < 2.75 ng/ml, l'augmentation des concentrations de testostérone produite par un traitement par testostérone pendant 1 an depuis des valeurs basses jusqu'aux valeurs proches du milieu de la normale pour les hommes âgés de 19 à 40 ans, a des effets bénéfiques modérés sur la fonction sexuelle et des bénéfices discrets sur l'humeur et les symptômes dépressifs. En revanche, il n'y a pas de bénéfice en termes de vitalité ou de distance de marche. Le nombre de participants était trop faible pour tirer des conclusions sur les risques du traitement par testostérone.

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