Infertilité et obésité féminine

Traitement de l'infertilité chez des femmes obèses : une intervention préalable sur l'hygiène de vie n'impacte pas le taux de naissances

Mutsaerts M.A. et al. Randomized trial of a lifestyle program in obese infertile women. N Engl J Med 2016 ; 374 : 1942-53.

Dans la plupart des pays développés, 14 à 20 % des femmes en âge d'avoir des enfants sont obèses et, dans certains pays, la prévalence de l'obésité monte à 60 %. L'obésité a des effets négatifs sur la fertilité du fait d'une augmentation du risque de troubles des règles, d'anovulation et d'infertilité. Les taux de succès des inductions de l'ovulation et des techniques d'AMP sont inférieurs chez les femmes obèses en comparaison des femmes de poids normal et il en est de même des risques de fausse-couche, de diabète gestationnel, d'hypertension gestationnelle, de naissance prématurée et de césarienne.

Les recommandations prônent donc des programmes d'intervention sur l'hygiène de vie pour permettre une perte de poids de 5 à 10 % chez les femmes obèses infertiles mais les études supportant ces recommandations ont toujours été de petite taille ou ont donné des résultats discordants.

Ceci a conduit une équipe néerlandaise à mettre en place une étude randomisée, à large échelle dans laquelle des patientes infertiles ayant un IMC ≥ 29 kg/m2 ont été tirées au sort pour, soit être préparées par un programme d'intervention sur l'hygiène de vie de 6 mois avant le traitement de l'infertilité, soit être traitées d'emblée pour leur infertilité. Le critère d'évaluation primaire était la naissance par voie basse d'un enfant unique en bonne santé, à terme, dans les 2 ans après la randomisation.

Des femmes obèses qui n'avaient pas pu concevoir de manière naturelle après 1 à 2 stratégies thérapeutiques ont donc été incluses dans l'étude : 290 femmes ont eu un programme d'intervention sur l'hygiène de vie durant 6 mois précédant 18 mois de traitement de l'infertilité (groupe intervention) et 287 ont été assignées à un traitement de l'infertilité immédiat et cela pendant 2 ans (groupe témoin). L'intervention sur l'hygiène de vie consistait en un programme structuré dont l'objectif était la perte de 5 à 10 % du poids corporel. Six consultations et 4 consultations téléphoniques au cours des 6 mois de préparation étaient proposées avec des informations sur le poids corporel, les prises caloriques, les recommandations de réduire de 600 calories par jour avec une Diététicienne, la prise alimentaire, des recommandations de réaliser un exercice physique d'intensité modérée avec un objectif de 10 000 pas par jour et au moins 30 minutes d'exercice d'intensité modérée 2 à 3 fois par semaine.
Le taux d'arrêt dans le groupe intervention a été de 21.8 %. En analyse en intention de traiter, la perte de poids moyenne a été de 4.4 kg dans le groupe intervention et de 1.1 kg dans le groupe témoin (p < 0.001). Le critère d'évaluation principal a été atteint chez 27.1 % des femmes du groupe intervention, chez 35.2 % des femmes du groupe témoin (rapport des taux dans le groupe intervention = 0.77, IC 95 % = 0.6-0.99).

En conclusion, chez les femmes obèses infertiles, une intervention lourde sur l'hygiène de vie avant la mise en place d'un traitement d'infertilité en comparaison avec la mise en place d'un traitement de l'infertilité immédiat ne s'accompagne pas d'un taux supérieur de naissances par voie basse à terme dans les 24 mois après la randomisation.

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