Junk food et polémique sur la consommation de sucre
Junk science contre junk food : polémique à propos des recommandations sur la consommation de sucre
Erickson J. et al. The scientific basis of guideline recommendations on sugar intake. A systematic review. Ann Intern Med 2017 ; 166 : 257-267.
Schilinger D et Kearns C. Guidelines to limit added sugar intake : jenk science or jenk food ? Editorial. Ann Intern Med 2017 ; 166 : 305-306.
La relation entre le sucre et la santé dépend de la balance énergétique, des substitutions en macronutriments et des habitudes de vie et d'alimentation. Plusieurs organisations de santé ont produit des recommandations publiques concernant les sucres contenus dans l'alimentation.
Une équipe du Comité technique sur les hydrates de carbone d'origine alimentaire, appartenant à la branche nord-américaine de l'Institut International des Sciences de la Vie, a revu de manière systématique toutes les recommandations concernant la prise de sucre et a évalué ce sur quoi reposaient les recommandations, en particulier la qualité méthodologique et la qualité des données soutenant ces recommandations.
L'analyse a identifié 12 recommandations. Chacune de ces recommandations indiquait qu'il était suggéré de diminuer la consommation d'aliments contenant des sucres ajoutés. Selon les auteurs de cette méta-analyse, les recommandations reposaient sur un faible score selon les critères AGREE II, spécifiquement pour ce qui concernait la rigueur du développement, l'applicabilité et l'indépendance éditoriale. Sept recommandations portaient sur des conseils non quantitatifs, cinq recommandaient de prendre entre moins de 25 % et moins de 5 % des calories totales sous forme de sucres ajoutés. Les recommandations étaient basées sur l'effet possible des sucres ajoutés sur différents problèmes de santé, dont les changements nutritionnels, les caries dentaires, la prise de poids. La qualité des études, à la base de ces recommandations, était, selon ces auteurs, basse à très basse. Selon ces auteurs, les recommandations faites concernant les sucres ajoutés dans l'alimentation ne suivent pas les critères rigoureux sur lesquels devraient se baser des recommandations auxquelles on puisse faire confiance et reposent sur des études de faible qualité.
Dans un éditorial associé, Schilinger et Kearns s'insurgent contre cet article en indiquant que les auteurs de l'article ont des conflits d'intérêts, puisqu'ils appartiennent à un institut qui est un groupe commercial représentant différentes firmes alimentaires impliquées dans l'industrie alimentaire ou les boissons sucrées (Coca-Cola, Nestlé...), ce qui fait soulever des questions sur la méthode utilisée par les auteurs de la méta-analyse, consistant à dénigrer la qualité scientifique des études sur lesquelles reposent les recommandations pour jeter le trouble sur ces recommandations de réduction des sucres ajoutés, lesquelles vont à l'encontre des intérêts de l'industrie agroalimentaire....
Ils concluent en disant que les autorités de santé, lorsqu'elles sont confrontées à ce type d'argumentaire selon lequel les recommandations sont basées sur de la junk science, doivent impérativement vérifier si derrière tout cela ne sont pas cachés les défenseurs de la junk food !